Quatrième de couverture :
Thomas Zigler n'aurait jamais dû regarder dans la carte-mémoire de sa victime. Ce qu'il y a vu est inconcevable pour les habitants de la Zone Est : une femme, belle, sans artifices et épargnée par le virus. Pourtant, Thomas sait que personne ne peut survivre sans organes artificiels et autres prothèses. Alors d'où vient-elle ? De l'autre côté du Mur qui emprisonne à jamais la Zone Est ? Thomas n'a pas le temps de se poser de questions. Les criminels sans visage pour lesquels il travaille sont déjà à ses trousses. Thomas est bien décidé à sauver sa peau et à découvrir ce qui se trame dans cette communauté coupée du monde. Car ce qu'il a vu, c'est un espoir, un mince espoir...
Ma note : 7 / 10
Ma chronique :
Le premier mot qui me vient à l’esprit lorsque je cherche à retracer mon voyage livresque au sein de la « zone est » est : déconcertant. Depuis les premières impressions ressenties face à cette couverture inhabituelle jusqu’au moment fatidique de tourner la dernière page, cette sensation ne m’a pas quittée.
Le roman nous plonge dans un monde futuriste sombre dans lequel les humains survivent reclus à l’intérieur du « mur », robotisés par des prothèses et des implants oculaires depuis que leur corps a été ravagé par un virus destructeur.
Thomas Zigler est un chasseur d’âmes, comme il aime à le penser. Il sillonne les quartiers dépravés de la zone est et « vole » la mémoire des ses victimes pour répondre à des missions que lui lancent les « gros bonnets » de sa société. Le monde que l’on découvre à travers ses yeux, ou plutôt à travers ses prothèses oculaires, est principalement sous-terrain puisque les hommes se sont terrés six pieds sous terre. Sa vie est banale et sans joie. Thomas commence à changer de regard sur le monde lorsqu’il découvre dans les souvenirs d’une de ses victimes une jeune femme magnifique, une humaine, que le virus a préservé. Commence alors une enquête survoltée et dangereuse à la recherche de vérité et d’espoir.
Les caractéristiques de ce roman me le font classer dans au moins deux genres.
C’est avant tout un thriller d’anticipation, c'est-à-dire un roman se passant dans le futur et étant constitué d’une intrigue basée sur divers rebondissements qui plongent le lecteur dans une tension permanente agrémentée ici d’un sentiment de paranoïa qui ne quitte pas le héros et qui finit par atteindre inévitablement le lecteur. Le suspense a une large place dans ce genre, même si il est ici parasité par certaines longueurs qui ralentissent l’action.
Le deuxième genre dans lequel on peut classer ce roman est la science fiction appelée depuis peu « dystopie ». L’univers de Marin Ledun est en effet une contre-utopie, c'est-à-dire un monde futur dans lequel les Hommes ne peuvent atteindre le bonheur car leur monde est à l’opposé d’un monde parfait. Cet aspect du roman m’a davantage plu et a permis de donner une note d’originalité à un thriller qui aurait pu n’avoir rien d’extraordinaire. La dystopie apparaît surtout au début du roman (présentation de l’intrigue) et reprend le dessus dans la dernière partie du roman lorsque les révélations se succèdent et nous en apprennent plus sur les origines de cette société détruite par le virus. Le côté thriller a pour ma part pris trop d’importance dans de la deuxième partie du roman, c'est-à-dire après la découverte de l’humaine, j’étais donc agréablement surprise qu’il s’efface peu à peu pour laisser davantage la part belle à la science fiction.
Ce qui est déroutant dans « Zone est », c’est aussi l’état d’aveuglement permanent dans lequel se trouve Thomas Zigler. Aveuglement dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque le personnage a perdu la vue et n’a qu’une vision partielle du monde à travers ses prothèses mais aussi puisque les réponses à ses questions restent suspendues juqu’à la fin et qu’il est sans cesse dans le flou. L’auteur a très bien réussi à rendre cet aspect là dans son écriture. Une écriture qui, selon moi, est incroyablement « intelligente ». J’entends par là qu’elle est brillante (un style très travaillé et efficace) mais aussi assez complexe. Le cheminement de l’intrigue n’est pas évident à suivre, j’étais souvent perdue dans le flot des personnages et des différentes actions secondaires qui s’emboîtent.
La psychologie des personnages est assez peu profonde. J’aurais voulu en savoir plus sur Zigler. Son passé d’humain n’est que très peu développé et ses relations antérieures à l’intrigue quasi absentes. Il en résulte qu’il est très difficile de le cerner et donc de s’attacher à lui et à son charisme d’huître ! Une note positive toutefois concernant le personnage de Sylla qui accompagne notre héros dans la majeure partie de l’intrigue. Sylla est une jeune femme survoltée, libre, solide et sensible à la fois. Sa relation avec Thomas évolue au cours du roman et je me suis davantage attachée à elle qu’au héros.
La fin du roman est plutôt bonne, je n’avais deviné que la partie apparente de l’iceberg car l’auteur a réservé son lot de surprises pour les dernières pages. Une suite peut-être présagée, mais pas sous forme de différents tomes. Je dirais plutôt un autre roman dans le même univers.
Pour résumer, j’ai apprécié la lecture de « zone est » même si elle m’a paru longue. Le point fort est sans aucun doute l’écriture talentueuse de Marin Ledun même si elle ne suffit pas à en faire un coup de cœur pour ma part.
A recommander à : Ceux qui veulent se faire le plaisir de mêler le thriller et la SF. Plutôt à des adultes.
J'ai trouvé ce livre dans ma bibliothèque après avoir vu ta critique mais j'hésite. Je ne suis pas trop SF et je lis peu de Thriller...
RépondreSupprimerSi tu le lis, tu pourras au moins apprécier le style de l'auteur. Par contre si tu n'aimes ni le thriller ni la SF tu risques de t'ennuyer... A toi de juger !
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